Les langues des signes sont des langues naturelles que les personnes sourdes ont développées pour communiquer entre elles.
En 1620, Juan de Pablo Bonet publie un livre intitulé « Réduction des lettres à leurs éléments primitifs et art d'enseigner à parler aux muets ». Il a écrit ce livre suite à la prise en charge de l’éducation de Luis de Velasco, marquis du Frêne (1610 – 1664. Cette personne était sourde et il a du développer une technique pour pouvoir l’éduquer d’une manière honorable. Cette époque est celle du roi Philippe III d’Espagne et le royaume est à son apogée, c’est une obligation sociale d’éduquer et d’élever un fils de si haut rang.
Pedro Ponce de León (1520-1584), moine bénédictin du monastère du saint Sauveur de Madrid a ouvert les premières classes spécialisées pour personnes sourdes et muettes. Il n’est pas reconnu comme inventeur de la langue des signes mais grâce à ses ouvrages, on sait qu’il utilisait l’alphabet dactylographique[1] pour épeler les mots.
Suite à la décadence du monde ibérique (économique, politique et intellectuelle), c’est en France vers le XVIIIe siècle que ce poursuit l’évolution du langage des signes. C’est Jacob Rodrigue Péreire qui fait parvenir le langage des signes en France. Dès 1734, cet homme fonde un institut spécialisé à Lisbonne, il écrit des ouvrages en s’inspirant de Juan de Pablo Bonet mais il privilégie ses recherches sur l’apprentissage de la lecture précoce, la lecture sur les lèvres. Il adapte la dactylologie espagnole à la langue française et vient s’établir à Bordeaux en 1741.
Dans les années 1750, l’abbé Charles-Michel de L'Épée fonde un pensionnat pour les sourds qu’il finance lui-même. Il pense que si les sourds sont capables de comprendre la religion, ils peuvent alors recevoir les sacrements et donc éviter l’enfer. Il a obtenu un entretien avec le roi, et a reçu le soutien de la toute-puissante Église catholique. Il a réussi à faire obtenir le statut de « vrais chrétiens » aux personnes sourdes, c’était reconnaître à cette époque que les personnes sourdes sont de vrais hommes doués de raison et de langage. En 1971, deux ans après sa mort, l’assemblée nationale l’a reconnu bienfaiteur de l’humanité et les personnes sourdes bénéficieraient « des droits de l’homme ».
Le Parlement européen a approuvé une résolution concernant les langues des signes le 17 juin 1988. La résolution demande à tous les états-membres la reconnaissance de sa langue des signes comme langue officielle des sourds.
En Belgique la langue des signes belge francophone est reconnue officiellement le 21 octobre 2003 par le parlement de la Communauté française de Belgique. En Flandre, la langue des signes flamande est reconnue le 26 avril 2006 par le parlement flamand : « Decreet houdende de erkenning van de Vlaamse Gebarentaa ».
121 langues des signes sont recensées. Malheureusement ; la plupart ne sont pas reconnus officiellement et donc ne bénéficie d’aucun statut officiel.
La langue proprement dite
Contrairement à beaucoup de croyances, le langage des signes n’est pas une langue universelleEn fait, il existe autant de langue des signes que de communautés de personnes sourdes et chaque langue possède son histoire, ses unités signifiantes et son propre lexique. Comme pour les autres langues, le développement de celle-ci dépend des personnes qui la pratiquent, elles évoluent donc à des rythmes différents.
Malgré que les signes ne sont pas les mêmes, deux personnes utilisant la langue des signes et venant d’un pays différent auront plus de facilités à se comprendre qu’une personne parlant Anglais et l’autre Français. Il existe donc de grandes similitudes.
Les signes standards sont conditionnés par la ou les mains, de la tête et du visage, par l’orientation du signe, son emplacement et son mouvement, chaque paramètre correspondant à une liste finie d’éléments qui correspond au phonème[2] de la langue orale. Seulement pour la gestuelle de la moins, on compte entre 45 et 60 signes différents en langue des signes belge francophone. Tous ces éléments apparaissent simultanément et ils peuvent se combiner au sein d’un signe de même que les phénomènes se combinent au sein d’un même mot.
L’espace temps, comment marquer le temps en langue des signes. Nous utilisons ce qu’on appelle des structures syntaxiques pour un marquage temporel ou des relations entre différentes choses. Il est évident que cela n’est pas possible en langue des signes. Le signeur utilise donc l’espace pour décrire le temps. Celui-ci peut se dérouler selon un axe arrière-avant dans l'espace du signeur ou encore selon un axe gauche-droite.
L'espace de signation (là où la personne signe) peut aussi servir à créer des repères, des marqueurs auxquels on se réfère tout au long du discours (par ex. un repère pour l'école, un pour la maison, un autre pour un personnage). Il suffit alors de pointer du doigt ou du regard l'endroit pour "l'activer" et y faire référence dans le discours. C'est en quelque sorte un usage spatial du pronom.
La langue des signes évoluent de jour en jour et de plus en plus de personnes sourdes l’apprennent. Il a donc fallu créer des centres de formations pour personnes entendantes et souhaitant apprendre cette langue.
En Belgique, il existe un master (MA) d’interprétariat en langue des signes.
Voici deux endroits où l’on peut accéder au master.
Institut Saint-Laurent Enseignement de Promotion Sociale(Liège)
De plus en plus, l’enseignement de promotion social propose des cours de langues de signes répartis en UF. La langue des signes prend de l’ampleur et énormément de gens commencent à la pratiquer.
Il n’existe qu’une seule université pour personnes sourdes. Elle est située aux Etats-Unis.
Son nom est « Université Gallaudet ».
FUSELLIER-SOUZA I. Sémiogenèse des langues des signes. Étude de langues des signes primaires (LSP) pratiquées par des sourds brésiliens, 2005, thèse de doctorat d’Etat, Université de Paris VIII.
[1] L’alphabet dactylologique ou alphabet manuel ou encore alphabet digital est l’alphabet de la langue des signes : il y sert à représenter des lettres et non des mots entiers
[2] Un phonème est en réalité une entité abstraite, qui peut correspondre à plusieurs sons. Il est en effet susceptible d'être prononcé de façon différente selon les locuteurs ou selon sa position et son environnement au sein du mot